A Lugny et aux alentours...




Le quartier du château, qui concentra la fureur des Brigands de 1789, est le plus historique de Lugny.



Lugny, commune de plus de mille habitants, chef-lieu du canton du même nom de 1790 à 2015, est la petite capitale du Haut-Mâconnais et le cœur de la communauté de communes du Mâconnais-Val de Saône, qui regroupe douze localités totalisant quelque six mille habitants.

Traversé par la Bourbonne qui prend sa source en contrebas du Grand Bois, au pied de la « montagne du Château », le bourg de Lugny est niché en fond de vallon, à une altitude moyenne de 220 mètres, dans un cirque de collines boisées ou recouvertes de vignoble, tandis que les principaux hameaux que sont Poupot, Vermillat, Collongette et Fissy s’étirent le long de l’actuelle route départementale n° 56 conduisant à la vieille cité abbatiale de Tournus, à la différence de Macheron qui est isolé sur son plateau couvert de vignes.

Lugny fut au Moyen Âge le berceau d’une illustre maison de chevalerie – la maison de Lugny – dont la branche principale s’éteignit dans la seconde moitié du XVIe siècle avec Jean de Lugny et sa fille Catherine et dont on avait coutume de dire : « N’est oyseau de bon nid qui n’a plume de Lugny ». À la veille de la Révolution française, après avoir été transmise par mariage, successivement, à trois autres familles nobles (les Chabot puis les de Saulx-Tavannes et les La Baume-Montrevel), la seigneurie était la propriété de Florent-Alexandre-Melchior de La Baume, quatorzième comte de Montrevel et dernier seigneur baron de Lugny, né en 1736 et mis à mort à Paris, place de la Révolution, le 7 juillet 1794. De son château autrefois flanqué de plusieurs tours, doté d’un donjon « fort élevé et très beau » et ceint de fossés remplis d’eau, Lugny n’a gardé que ses deux tours d’entrée datées du XIVe siècle, une partie de ses communs, une infime partie de sa muraille et la base d’une tour circulaire. Dans les derniers jours de juillet 1789, lors des troubles qui, pendant la Grande Peur, agitèrent cette région, il fut en effet le premier du Mâconnais à être incendié par les « Brigands », des paysans révoltés qui, réunis par centaines à Lugny, mirent le bourg à sac et rançonnèrent sa population.

La rue de l’Église et ses nombreux commerces dans les premières années du XXe siècle.



Lugny, qui possède un artisanat varié, a su conserver de nombreux commerces : deux épiceries, une boulangerie, une boucherie, un tabac-presse, deux restaurants, un fleuriste, un magasin d’électro-ménager, deux salons de coiffure, deux garages automobiles, deux jardineries, une pharmacie, une auto-école, un opticien… L’un de ces magasins, depuis plusieurs années, retient tout particulièrement l’attention des touristes : celui que tient depuis les années cinquante la plus ancienne commerçante de France encore en activité, Madeleine Soboul, née à Lugny un peu avant la Première Guerre mondiale, installée dans l’épicerie fondée peu après la guerre de 1870-71 par son grand-père Célestin Bourion. Pour avoir été chef-lieu de canton pendant 225 ans, Lugny dispose en outre de services répondant à de nombreux besoins : bureau de poste, banque, maison médicale rassemblant une dizaine de professionnels de la santé mais aussi écoles et collèges de l’enseignement public et privé, bibliothèque municipale, étude notariale, caserne de gendarmerie, centre d’incendie et de secours, etc. Un marché animé se tient chaque vendredi matin place des Halles, au cœur du bourg.

Au cœur du bourg, place des Halles, se dresse un élégant bâtiment aux façades mêlant la pierre et la brique : les halles couvertes, construites en 1891.



Lugny est aussi un village ayant conservé un patrimoine riche où les maisons à galerie caractéristiques du Mâconnais, construites « entre cave et grenier », sont nombreuses, tout comme les lavoirs (cinq en tout), les vieux puits… et quelques curiosités parmi lesquelles, rue de l’Église, un beau cadran solaire daté de 1707. On y voit aussi plusieurs maisons « bourgeoises » édifiées au cours du XIXe siècle et ayant gardé fière allure. Remarquable par son hôtel de ville de style néo-Renaissance bâti vers 1870, plusieurs maisons à galerie, son monument aux morts au sommet duquel veille depuis 1922 un authentique « poilu » de la Grande Guerre et sa fontaine inaugurée en 2010 qu’encadrent quatre platanes vieux de plus de 150 ans, la place du Pâquier, principale place du bourg, est un endroit très attachant où le temps semble s’être arrêté un peu avant la dernière guerre et où il fait bon s’attarder, notamment à la terrasse de son auberge. A deux pas ont été édifiées les halles couvertes (avec salle des fêtes à l’étage), qui datent de 1891, mêlent pierre et brique et ont remplacé les anciennes halles seigneuriales en bois.

Vieilles maisons de la Grande Rue.



Placée sous le vocable de saint Denis, patron de Lugny, l’église a été construite entre 1824 et 1826, selon des plans établis par l’architecte Berthier ; outre des fonts baptismaux du XVe siècle, elle abrite notamment un retable en pierre représentant le Christ au milieu des Apôtres classé aux Monuments historiques et daté de 1528 ainsi que deux Vierges à l’Enfant (l’une en pierre polychrome de la fin du XVe siècle et l’autre en bois, du XVIIIe siècle) et un tableau intitulé « L’Annonce de la Parole en Mâconnais » peint vers 1950 par l’artiste Michel Bouillot. Sur la place jouxtant l’église (qui correspond à l’espace occupé jusque vers 1855 par l’ancien cimetière), se dresse depuis 1909 un monument élevé par souscription à la mémoire des combattants du canton morts au cours de la guerre franco-prussienne de 1870-71. La statue de saint Pierre (XVe siècle) que l’on peut voir dans sa niche au sommet de la colline Saint-Pierre, elle aussi classée aux Monuments historiques et qui est « l’un des plus beaux fleurons de l’imagerie mâconnaise » (Gabriel Jeanton), est le dernier vestige d’une chapelle dont les ruines dominaient encore Lugny au début du XIXe siècle ; succéda à cet édifice un bâtiment qui, en 1965, devint un caveau de dégustation dont la réputation finit par s’étendre bien au-delà du Mâconnais. Depuis Saint-Pierre (où Lugny à son camping arboré), le promeneur jouira d’une vue panoramique donnant sur le vignoble et, par-delà, sur la vallée de la Saône et la Bresse avec, à l’horizon, les monts du Jura.


L’une des nombreuses variétés d’orchidées que l’on peut admirer au printemps en cheminant sur le sentier de découverte du site naturel classé de La Boucherette (ici : orchis pyramidal).



Marchant à travers le plateau des Charmes, le visiteur contemplera ces vignes qui, en dépit de leur destruction totale par le phylloxéra de 1880 à 1887, ont conquis une place prépondérante dans l’économie locale. S’il aime la nature, il se rendra au hameau de Collongette et y visitera la Boucherette, zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (znieff) d’une centaine d’hectares surplombant la petite route bordée de buis conduisant au hameau de Sagy (Cruzille). Ce site protégé caractérisé par une « teppe » (pelouse calcaire sèche), une lande à buis et un lisier forestier – et aussi d’anciennes carrière et lavière – se découvre en empruntant un sentier balisé permettant de se familiariser avec une flore et une faune remarquables, parmi lesquelles figurent une douzaine d’orchidées recensées mais aussi le lézard vert, la petite cigale de montagne…

Le pavillon de vignes de Macheron, élégante construction champêtre de la fin du XVIIIe siècle édifiée en lisière du vignoble du célèbre plateau des Charmes.



En contrebas du plateau des Charmes s’élève un « pavillon de vigne » qui, construit au XVIIIe siècle à l’aplomb d’une grotte préhistorique qui fut fouillée pour la première fois dans les années qui suivirent la Grande Guerre, a conservé sa toiture en dôme avec girouette et cheminée. Entre Macheron et le bourg, un élégant petit pont de pierre construit en 1811 enjambe l’Ail, peu avant que ce ruisseau ne se jette dans la Bourbonne.

L’intérieur du chœur roman de Notre-Dame-de-Pitié, au hameau de Fissy.



A Fissy, la chapelle Notre-Dame-de-Pitié, citée pour la première fois en l’an 1119 en tant qu’église dépendant des moines de Saint-Philibert de Tournus et dont la restauration a duré quatre ans (2009 à 2013), est un édifice attachant qui, en dépit de nombreux remaniements, a conservé l’esprit et les volumes du roman primitif ; un beau vitrail du maître-verrier Paul Duckert peut y être admiré, de même qu’une partie du mobilier de cette « chapelle rurale » aujourd’hui encore consacrée (notamment, pour ses œuvres d’art, une toile représentant saint Étienne, martyr, et une Vierge à l’Enfant polychrome en bois datant du début du XIXe siècle). Non loin s’élève le lavoir du Quart-Martin, en partie restauré avec le soutien de la Fondation du Patrimoine, qui présente trois particularités : être alimenté par un « puits-source », avoir conservé son abreuvoir et disposer d’une remarquable et « fort complexe » charpente de chêne soutenant un élégant toit pyramidal.

La cave de Lugny, la plus importante de Bourgogne, produit des vins réputés.



La vie économique de Lugny repose sur la viticulture et plus du quart de la commune est planté en vigne. Trois des quatre cépages bourguignons y sont cultivés : le chardonnay (qui constitue la majeure partie de l’encépagement), le gamay et le pinot noir. Née le 30 janvier 1927 à l’initiative d’Eugène Blanc, maire de Lugny et conseiller général du canton, la coopérative vinicole de Lugny, deuxième cave coopérative fondée en Mâconnais, n’a cessé de gagner en importance. Jumelée depuis 1966 avec la cave de Saint-Gengoux-de-Scissé, elle a fusionné en 1994 avec celle du village de Chardonnay, berceau du cépage du même nom. S’appuyant sur trois chais, cette cave, dont le chiffre d’affaires a été de 30 millions d’euros en 2015 et qui dispose d’un potentiel de production de 87 000 hectolitres, est aujourd’hui la plus importante de Bourgogne – et la troisième de France – pour les vins d’appellation d’origine contrôlée ; son vignoble s’étend sur le territoire de 27 communes et le tiers des vins du Mâconnais y est produit. Une halte à son magasin de vente est indispensable pour y déguster les vins réputés qui y sont produits, notamment le mâcon-lugny « Les Charmes », vin blanc existant depuis le milieu des années soixante qui est la fierté des vignerons du groupement, et le crémant de Bourgogne. Lugny, où sont également implantées plusieurs caves de vignerons indépendants et qui disposera d’ici à la fin de la décennie de sa propre appellation communale AOC – la sixième créée en Mâconnais –, est ainsi l’une des étapes incontournables sur la célèbre « Route des vins Mâconnais-Beaujolais », qui compte huit circuits.



Nombreuses, les associations de Lugny organisent tout au long de l’année des manifestations, s’associant notamment pour animer le 14 Juillet et, chaque 8 décembre au soir, la fête des Lumières, dite aussi « des illuminations ». Depuis 2006, chaque année à la mi-septembre, Lugny participe aux Journées européennes du patrimoine, organisant des visites de son église, de sa chapelle et de son pavillon de vignes.

Depuis 1980, Lugny est officiellement jumelé avec Meckenheim, bourgade viticole et arboricole voisine de Neustadt-an-der-Weinstrasse en Rhénanie-Palatinat (Allemagne) avec laquelle les échanges sont aussi fraternels que réguliers.

Mais si Lugny est une localité particulièrement digne d’intérêt qu’il est impératif de découvrir, les villages qui l’environnent et qui composent le Haut-Mâconnais – attachante petite région appartenant à la Bourgogne-du-Sud dont Lugny est la capitale – ne manquent pas d’intérêt eux non plus…

Entre autres destinations, ne manquez par de grimper à Burgy, petit village construit à flanc de colline que surplombe, isolée à plus de 400 mètres d’altitude, l’une des 250 églises et chapelles romanes de Saône-et-Loire : la belle église Saint-Jean-Baptiste, édifice depuis lequel on jouit d’une superbe vue sur Lugny, son vignoble et les monts du Mâconnais mais aussi – et surtout – sur la vallée de la Saône et, par-delà, sur la plaine de la Bresse. Sur le même thème, ne manquez pas non plus, à Bissy-la-Mâconnaise, l’église romane Saint-Cyr et Sainte-Julitte – qui possède un clocher barlong aux petits airs de donjon et une belle collection de statues de saints – et, au pittoresque hameau « perché » de Charcuble, la chapelle Saint-Philippe et Sainte-Jeanne, qui fut bâtie en moins de vingt-quatre heures le 1er mai 1941, jour de la Fête du Travail, par le groupement Vauban des chantiers de jeunesse. Tout aussi pittoresque : le village de Grevilly, qui possède lui aussi son église romane classée et présente la particularité de figurer parmi les communes les moins peuplées de France, avec 36 habitants recensés en 2007. Cruzille vaut également le détour ; s’y trouve en effet un château flanqué de tours à poivrières qui, attaqué pendant les guerres de la Ligue, devint pendant la dernière guerre un important centre de la Résistance. Ne manquez pas non plus le vignoble de Chardonnay, commune qui revendique d’être le berceau du cépage du même nom, ni ceux de Viré et de Clessé, qui ont pour particularité d’appartenir depuis 1999 au viré-clessé, la cinquième et dernière-née des appellations communales AOC du vignoble du Mâconnais. A Saint-Gengoux-de-Scissé, commune tirant son nom d’un saint bourguignon du Haut Moyen Age, c’est la coopérative vinicole, première à avoir été fondée en Mâconnais (en 1925 par Henri Boulay, maire de la commune et député de Saône-et-Loire), qui retient l’attention, ainsi que, au bourg, à deux pas du caveau de dégustation Le Vieux Logis, un authentique pressoir « à grand point » construit en 1869. À Azé, c’est essentiellement le site des grottes préhistoriques – et son arboretum – et qui attire le visiteur ; deux grottes – l’une sèche, l’autre traversée par une rivière souterraine – y sont en effet ouvertes à la visite, permettant notamment de découvrir l’un des plus importants gisements fossiles visibles d’ossements d’ours et de lions des cavernes, certains vieux de 300 000 ans. À Montbellet, l’une des curiosités est, au hameau de Mercey, la belle chapelle Sainte-Catherine, qui remonte aux premières années du XIIIe siècle et témoigne d’une ancienne commanderie de l’ordre du Temple. Plus au sud, à Fleurville, un arrêt s’impose à l’office de tourisme de la communauté de communes de Lugny, installé en bordure de l’ancienne nationale 6 et « connecté » à la Voie bleue aménagée il y a quelques années sur la rive droite de la Saône, entre Mâcon et Chalon-sur-Saône, en lieu et place de l’ancien chemin de hallage.

Page mise à jour pour la dernière fois le : 06.05.2021